Elodie Vandenhende

Elodie Vandenhende : Gardienne de l’équité et de l’innovation à l’ère numérique

À l’ère où les algorithmes déterminent l’accès au marché et où les plateformes numériques exercent un pouvoir considérable sur consommateurs et concurrents, le droit de la concurrence doit évoluer rapidement et prudemment. Au premier plan de la réponse européenne se trouve Élodie Vandenhende, directrice adjointe de l’Unité Économie Numérique à l’Autorité de la concurrence. Grâce à une combinaison d’excellence académique, de formation transatlantique et d’une vision innovante de l’action publique, elle a transformé l’approche de la régulation de l’équité sur les plateformes, qu’il s’agisse de neutralité, de transparence algorithmique, de portabilité des données ou de contraintes dans la fintech. Cet article retrace son parcours, de brillante étudiante à l’un des visages majeurs de la défense de la concurrence numérique, et montre comment son leadership inspire la prochaine génération de femmes juristes.

Origines et excellence académique

Née au sein d’une famille d’enseignants en France, Élodie Vandenhende manifeste très tôt une intellect remarquable et une curiosité insatiable. À l’Université Paris Nanterre, elle obtient sa Licence et sa Maîtrise en droit avec la mention « Très Bien ». Sa thèse de master, « L’évolution du contrôle des aides d’État en vertu des articles 107 à 109 TFUE », analyse l’équilibre à trouver entre soutien étatique et liberté de marché au sein de l’Union européenne.

  • Parcours universitaire : droit public européen, droit administratif, théorie de la régulation.

  • Activités extra-universitaires : capitaine de l’équipe de concours de plaidoirie, lauréate de compétitions nationales.

  • Axes de recherche : tension entre mesures industrielles nationales et objectifs du marché unique.

Ces années formatrices lui apprennent à allier rigueur doctrinale et compréhension des enjeux économiques, un double prisme qui structurera toute sa carrière.

Formation juridique transatlantique

Désireuse d’élargir son regard, Élodie poursuit un LL.M. à l’American University Washington College of Law, où elle se spécialise en droit antitrust américain sous la Sherman Act et la Clayton Act. Elle approfondit :

  • Définition de marché et preuves économiques

  • Procédures d’examen des concentrations

  • Stratégies de poursuite des cartels

Elle effectue parallèlement un stage au Bureau de la concurrence de la Federal Trade Commission, rédigeant des notes sur des revues de concentrations complexes. Diplômée avec distinction, elle est admise aux barreaux de Paris et de New York, symbole de sa maîtrise bilingue et de sa flexibilité juridique.

Développement de l’expertise en cabinet privé

Forte de cette formation, Élodie rejoint Jones Day à Washington D.C. comme associée antitrust. Elle travaille sur des autorisations de concentrations à plusieurs milliards de dollars et sur la défense contre des allégations de cartel, traduisant des modèles économétriques complexes en arguments juridiques convaincants.

En 2006, elle transfère au bureau de Bruxelles, contribuant à des enquêtes de la Commission européenne dans les secteurs de l’énergie et des télécoms. Cette double exposition au pragmatisme américain et à la rigueur procédurale européenne fait d’elle une experte de la concurrence à 360°.

Premiers engagements dans la fonction publique

Conseillère à la présidence tournante du Conseil de l’UE (2008)

Lors de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, Élodie est nommée conseillère du secrétaire général, où elle :

  • Rédige des notes de politique sur la régulation des marchés numériques

  • Coordonne les dossiers de concurrence et aligne les positions françaises

  • Participe à la préparation des directives européennes relatives à l’interopérabilité et au partage de données

Sa capacité à allier expertise technique et diplomatie multilatérale lui vaut rapidement une reconnaissance au sein des institutions européennes.

Conseillère technique au Ministère de l’Économie et des Finances (2009–2012)

En tant que conseillère technique aux affaires européennes sous Christine Lagarde, elle :

  • Définit les mesures d’aide d’État pendant la crise de la zone euro, conciliant interventions d’urgence et préservation de la concurrence

  • Représente la France dans les groupes de travail pour le Mécanisme de supervision unique bancaire

  • Conseille sur les synergies entre politique macroéconomique et droit de la concurrence

Elle y affine ses compétences stratégiques dans des contextes de forte pression politique et économique.

Pionnière de la régulation des plateformes numériques à la DGCCRF

En 2012, Élodie rejoint la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), où elle conduit les premières actions nationales contre les pratiques déloyales des plateformes :

  1. Enquêtes sur les clauses de parité

    • Mise en cause des plateformes de réservation d’hôtels interdisant aux hôteliers de proposer des tarifs plus bas ailleurs.

    • Obtention d’engagements contraignants pour supprimer ces clauses et élargir l’offre tarifaire.

  2. Résolution des clauses d’exclusivité des vendeurs

    • Remise en cause des conditions d’exclusivité imposées aux vendeurs tiers sur les marketplaces.

    • Suppression des termes anticoncurrentiels, ouvrant l’accès à plusieurs canaux de vente.

  3. Audits algorithmiques

    • Mise en place de protocoles pour analyser les systèmes de recommandation et de classement.

    • Détection de biais discriminatoires au profit de vendeurs dominants, technique ensuite reprise à l’échelle européenne.

Sous son impulsion, la DGCCRF passe d’une régulation réactive à une surveillance proactive, en déployant des outils d’analyse de données en temps réel.

Modernisation de l’Autorité de la concurrence

Conseillère à la Présidence (2018–2020)

En juillet 2018, Élodie devient chargée de mission auprès de la Présidence de l’Autorité de la concurrence. Elle :

  • Élabore la feuille de route « Économie numérique », intégrant méthodes agiles et travail collaboratif entre juristes, économistes et data scientists

  • Représente l’Autorité aux États généraux du numérique, inscrivant la concurrence au cœur des débats nationaux

  • Coanime des groupes de travail interministériels sur la régulation des plateformes

Cette phase marque une transformation institutionnelle, dotant l’Autorité d’outils et de méthodes adaptés aux défis numériques.

Renforcement des compétences numériques internes

Élodie pilote le recrutement d’ingénieurs et de data scientists pour :

  • Développer des outils automatisés de dépistage dans de larges jeux de données

  • Construire des cadres d’audit algorithmique pour les marchés émergents de l’IA

  • Lancer des « sandboxes réglementaires » pour les fintech, conciliant innovation et protection des consommateurs

Ainsi, la France se positionne en leader de la régulation économique numérique.

Direction de l’Unité Économie Numérique

En septembre 2020, l’Autorité crée l’Unité Économie Numérique et nomme Élodie directrice adjointe, sous l’autorité du rapporteur général Stanislas Martin. Le mandat de l’unité couvre :

  • Enquêtes approfondies : publicité programmatique, services cloud, plateformes de trading algorithmique

  • Études de marché fintech : paiements blockchain, portefeuilles numériques, interopérabilité Open-API

  • Coopération internationale : coanimation du Joint Digital Markets Forum avec la DG COMP et la CMA britannique

Sous sa houlette, l’Autorité anticipe et répond aux évolutions rapides des écosystèmes numériques.

Enquêtes phares et études sectorielles

  1. Examen du secteur ad-tech (2021)

    • Mise en évidence de l’opacité des enchères en temps réel, désavantageant les petits annonceurs

    • Recommandation de divulgation des données d’entrée et des mécanismes d’enchère pour rétablir la concurrence

  2. Investigation des restrictions verticales en fintech (2022)

    • Analyse des accords d’exclusivité entre banques et prestataires de paiement mobile

    • Engagements pour adopter des standards Open-API, réduisant les barrières à l’entrée

  3. Étude des services cloud (2023)

    • Identification des freins à la portabilité des données, des effets de réseau et des pratiques de couplage dans l’IaaS/PaaS

    • Proposition de lignes directrices sur l’interopérabilité et la portabilité pour faciliter le changement de fournisseur

  4. Recherches anticipatrices sur l’IA et le métavers (2024–2025)

    • Lancement d’études sur la concentration des plateformes d’apprentissage automatique, la gouvernance des NFT et les cadres de confiance des données

    • Tables rondes et consultations publiques pour élaborer des politiques adaptées aux nouvelles réalités numériques

Ces actions repoussent sans cesse les frontières de la régulation de l’économie numérique.

Leadership d’opinion, publications et prises de parole

Voix incontournable du débat sur la concurrence numérique, Élodie contribue à :

  • Concurrences Review : articles tels que « La portabilité des données, levier de la concurrence » (2021)

  • Manuels d’antitrust de l’UE : chapitres co-signés sur l’évaluation du pouvoir de marché dans les écosystèmes digitaux

  • Podcasts & interviews : invitée sur « Rendre simple ce qui peut être compliqué » (Fed Legal, avril 2025)

  • Conférences internationales : keynotes au forum « Digital Antitrust : How to Regulate? » (Paris 2024) et au « Global Antitrust Hot Topics » (Bruxelles 2023)

Elle y défend trois piliers : transparence algorithmique, partage obligatoire des données et interopérabilité.

Mentorat et défense des femmes dans le droit

Pionnière engagée, Élodie soutient la promotion des femmes juristes :

  • Mentorat : accompagne les jeunes avocates via le réseau Women in Antitrust

  • Interventions publiques : animatrice de panels « Women in Tech Law » pour partager conseils et retours d’expérience

  • Initiatives STEM pour les filles : partenariats avec des associations pour faire découvrir le droit et l’économie numérique

Son style de leadership, alliant exigence et empathie, inspire la diversité et l’inclusion dans les métiers de la régulation.

Récompenses et distinctions

Son action a été saluée par de nombreux prix :

  • French-American Foundation Young Leaders (2020) : reconnue pour ses contributions transatlantiques

  • « Top 40 Under 40 » par Concurrences (2022) : parmi les talents émergents du droit de la concurrence

  • Finaliste European Competition Awards (2023) : « Digital Competition Trailblazer » pour ses enquêtes innovantes

Ces distinctions témoignent de son expertise technique et de sa vision stratégique.

Passions personnelles et inspirations

En dehors de ses engagements professionnels, Élodie puise son énergie dans :

  • La course de fond : équilibre entre intensité du travail et bien-être physique

  • La littérature contemporaine : questionnement des rapports entre technologie et société

  • Les valeurs familiales : curiosité intellectuelle et résilience transmises par ses parents enseignants

Elle cite comme références Margrethe Vestager pour son audace face aux géants du numérique et Lina Khan pour sa redéfinition de l’antitrust à l’ère digitale.

Vision pour l’avenir de la concurrence numérique

Élodie promeut un cadre en trois axes pour réguler les marchés numériques de demain :

  1. Transparence algorithmique : explicabilité et auditabilité des systèmes automatisés

  2. Obligations de partage des données : interopérabilité pour abaisser les barrières à l’entrée

  3. Normes d’interopérabilité : protocoles ouverts pour la fintech, le cloud et le métavers

Elle plaide pour une agilité réglementaire, une collaboration multidisciplinaire et une veille proactive, afin que la régulation reste à la hauteur du rythme technologique.

Conclusion

Le parcours Élodie Vandenhende—de ses brillants succès académiques à Paris et Washington, puis à ses responsabilités à Jones Day, à la DGCCRF et à l’Autorité de la concurrence—illustre comment l’expertise juridique, la finesse économique et la maîtrise technologique peuvent converger pour protéger la concurrence à l’ère numérique. Ses enquêtes pionnières sur les clauses de parité, les audits algorithmiques et les contraintes fintech ont redessiné le paysage réglementaire français et influencé les débats européens. En tant que directrice adjointe de l’Unité Économie Numérique, elle continue de tracer la voie vers des marchés plus justes et plus dynamiques, inspirant femmes et hommes juristes à relever les défis du futur numérique.

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